Il est aussi dur de trouver l'âge d'une idée, que de se retourner sur soi sans regarder son passé.


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Ailana
Le silence, étincelant comme l’argent,
régnait sur le doux murmure de la caresse du vent sur le chant des étoiles.
Aucune n’était voilée, pareilles à autant de larmes gelées, cristallisée pour une éternité de beauté.
Sous leur regard, les prairies brillaient du milles feux, la neige était tombée des cieux, émouvante, belle, pure.
Telle une mère, elle recouvrait le monde de silence et veillait sur la vie
qui renaîtrait quand le temps serait venu.
Le chant des oiseaux s’était tu, la voix des hommes perdue dans le chemin sans retour des songes.
Il ne restait que les loups et les enfants, pour regarder la beauté de cette nuit baignée
dans la lumière blanche et aveuglante de la lune.
Dehors, une voix s’éleva, déchirant le silence que même ses pas n’avaient perturbé.
Offerte sous le regard du temps, vêtue d’innocence, elle leva son regard doré vers l’univers.
Ses larmes coulèrent sur ses joues rosies de froid, chacune portait une part de son chant, triste, mélancolique…
emprunt de l’espoir qu’elle seul arrachait encore quand il n’en restait plus guère.
De toute son âme, elle pleura sa vie comme le cygne l’honore à sa mort,
suppliant qu’une âme entende et réponde, priant qu’une voix s’unisse à la sienne,
murmure fragile, à peine plus qu’un souffle.
Elle éleva ses bras, tendu comme l’archet sur les cordes d’un violon,
le seul instrument dont la cruauté puisse devenir harmonie, beauté, prière.
Elle ne sentit pas le sable du temps s’écouler, ni le froid prendre son corps.
En cet instant, il n’existait qu’elle, entre la vie et la mort, entre le ciel et la terre, entre le passé et l’avenir. 
Tout à coup, le ciel changea ; certaines étoiles apparurent là où auparavant
ne se trouvait qu’un sombre néant, d’autres disparurent.
La blancheur de la lune se teinta d’une douce dorure et sous ses pieds,
la jeune femme ne ressentit plus ni le froid ni les lames étincelantes de la glace,
mais la douceur des l’herbes d’été.
Désormais, ni sa robe ni ses parures ne furent une offense à son époque.
Etait-elle enfin partie ? Morte ou simplement ailleurs ? Peu importait, finalement.
Elle tourna en un geste gracieux sur elle-même, éclatant de rire sous l’aube naissante,
enivrée des parfums des roses, tendrement enlacée sur les hauts murs d’une antique et bien aimée demeure.
Elle pouvait presque l’imaginer, il devait en ce moment même dévaler les marches,
prendre quelques vêtement afin qu’elle fût présentable, ou tout au moins sauvage ?
Pour la énième fois, au comble d’un désespoir qui n’accablerait jamais que lui,
il se demanderait comment (encore une fois !) il n’avait pu lire dans les étoiles qu’elle viendrait.
Si son maître venait ne serait-ce qu’à en entendre la rumeur, que lui, Firmin, ne l’avait accueillie
dès son arrivée puis amenée à son maître avant qu’elle ne disparaisse encore,
il n’aurait pas fini d’entendre ses lamentations. Les oreilles lui en siffleraient ! 
Serait-elle assez cruelle pour le laisser parvenir au bord du lac et ne trouver que le vent et l’écho de son rire ?
Elle passa une main impatiente dans ses cheveux.
Non, trop de fois avait-elle ainsi fuie, arguant le temps, le monde et milles tracas.
Mais ce n’était guère des mensonges…
Le silence était son seul refuge, quand enfin elle pouvait clore ses yeux profonds
pour les ouvrir en son monde, et y contempler les siens.
Mais pour cette fois-ci, elle resterait quelques instant, assez pour voir le sourire de son inquiet ami de Vallet. 
-Ma Dame ! cria une voix où perçait un début de panique
mélangé à l’espoir impatient d’une jeunesse éternelle.
-Ne crie pas tant, cher Ami, je ne vais pas m’envoler… pas cette fois-ci ! répondit-elle, amusée et heureuse.
-Vous n’avez pas idée de tout ce que j’ai entendu la dernière fois que vous êtes venue.
Il était réellement hors de lui...
L’Etrangère dû prendre sur elle pour ne pas tout simplement éclater de rire face à la mine défaite de son ami.
-Firmin, je t’avais pas demandé de ne plus m’appeler « ma Dame »,
cela me fait me sentir plus vielle que je ne le suis.
-Mais… comment...
-N’ai-je pas un nom ? le coupa-t-elle.
-Et bien... lequel utiliser ?
La jeune femme soupira. Il avait raison, comme bien souvent.
-Soit, il est inutile de discuter avec toi. Il est heureux que ton maître soit moins respectueux.
-Il ose ? s’offusqua le Vallet, tout en tentant maladroitement de démêler une splendide étole.
-Et bien, il trouve toujours quelques élégantes manières de me nommer.
Mais ne t’attriste point, je serai toujours l’Etrangère, car autrement que par la pensée,
il n’existe aucune manière de me nommer. Et en cela, tu es bien la voix qui me fait revenir.
-Je ne comprends pas, ma Dame.
-Tu ne comprends jamais, Firmin, mais cela ne t’empêche pas de toujours agir comme il le faut.
Comprendre peut parfois être plus rigide et encombrant qu’une chaîne d’acier.
-Si ma Dame le dit...
-Et si nous allions manger ? A moins que le Comte ne m’ait oubliée ?
Elle ne laissa pas Firmin tenter de la persuader du contraire.
Elle passa devant lui, effleurant de ses pieds le chemin tapissé de mousse.
Firmin abandonna sa maladresse, la suivant tel qu’il était.
Un jour, son maître l’avait envoyé cherché l’Etrangère.
Dans sa folie et son orgueil, il l’avait traquée par delà le temps et l’espace
pour finalement tomber abattu, brisé.
Alors, elle était venue à lui, légère, un sourire indéfinissable esquissé sur ses lèvres.
Elle l’avait relevé, lui révélant qu’il n’avait jamais cherché que lui,
et qu’on ne pouvait trouver la vérité qu’en soi, quelle qu’elle fût.
Dès lors, il avait découvert sa nature véritable.
Néanmoins, jamais ne la montra-t-il qu’en ce jour lointain, ou quand il pouvait suivre ses pas.
Lorsqu’ils arrivèrent dans le salon du château, ils furent accueillis
par la voix grave et douce du maître des lieux.
La table était dressée, et, il ne fallut que quelques instants à l’Etrangère
Pour trouver les gestes et les habitudes qui étaient les siennes en ces lieux.
Elle ne s’excusa pas, car ici, le temps s’écoulait selon ce qu’on en faisait.
Aimerait-elle ces lieux s’ils n’étaient hors du monde et des hommes ?
Ailana

14/02/2009 17:26
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Eillana
Il est aussi dur de trouver l’âge d’une idée que de se retourner sur soi sans regarder son passé.

Etre, une question qui pose sa réponse...
le mystère de la vie, une réalité à vivre qui fut faite problème à résoudre.
Etre... un verbe aussi mal vécu que l’humanité.

29/08/2005 15:17:21
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Rowane // Eillana.

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Eillana
Elle est venue du fond des âges, elle est venue de plus ancien que notre naissance,
ses ailes blanches faisant se lever un air doux et empli de senteurs paisibles et apaisantes.
L’océan est l’eau de sa vie, la forêt le murmure de ses rêves, le soleil la lumière de son cœur...
En un geste sans fin, elle tend à l’homme sa main, une amie dont nous nous sommes détourné
et qui vit en chacun de nous, avec milles noms.

Elle avait sa place ici, écho d’un poète et de ses Amis, écho de ceux qui cherchent, elle leur tend la main...
Bienvenue en ces lieux... puisse-tu toujours recevoir et donner... et trouver enfin ton nom?

28/07/2005 11:21:34
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Eillana
Merci de tout cœur pour ces mots, cher et dévoué Firmin.
Les rêves venus d’un cœur qui cherche et aime la beauté
sont toujours plus vrais et réels que ce que nous sommons la réalité.
Ainsi, l’image d’un jardin au portail de roses et de jasmin m’est vivace, et j’aime à rêver
que toujours, une pensée amie s’en vient et... par miracle prend forme.

Dans le monde des hommes, le rêve n’est rien de plus... qu’un rêve,
tout comme l’est l’amitié, la vérité, la beauté.
Ici... tout y revient dans l’ordre de l’harmonie.

Hommage à ces lieux...
j’entends déjà la fontaine dont l’eau coule sans fin, passant sous le regard de pierre d’une statue ancienne...

27/07/2005 14:24:46
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Eillana
place de choix pour nous, ombres qui passent et dont les mots sont les traces de pas?
Le poète n’oublie personne... un poète le peut-il?
Il accorde aux autres ce qu’il a su se donner... car le plus beau monde est celui que l’on se fait...
Et parfois, en ce genre de monde, l’enfant est roi, et le roi manant.

26/07/2005 22:59:57
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